Guy MOQUET

17 ans

Etudiant Militant des JC

 

 

Il nait à Paris le 26 avril 1924. Etudiant au lycée Carnot, il se passionne très tôt pour la po­litique et choisi, dès l'arrestation de son père, le syndicaliste cheminot et député communiste Prosper Môquet, de suivre ses traces.

 Le 13 octobre 1940, Guy Môquet, alors âgé de 16 ans, est arrêté Gare de l'Est par des policiers français qui recherchent les militants communistes. On l'interroge. On veut lui faire livrer les amis de son père.

Incarcéré à la prison de Fresnes, le jeune militant est inculpé, sous le même chef d'accusation que son père, «d'infraction au décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisa­tions communistes». Le 23 janvier 1941, il est acquitté par la 15ème chambre correctionnelle de Paris, et doit être mis en liberté surveillée.

Guy Môquet n'est pourtant pas relâché. Au contraire, il est transféré à la prison de la Santé, à Paris, le 10 février suivant. L'adolescent s'impatiente, écrit au procureur mais rien n'y fait. Il est transféré à la prison de Clairvaux, dans l'Aube, puis au camp de Choisel à Châteaubriant, en Loire-Inférieure (Loire-Atlantique actuelle), où sont détenus d'autres militants commu­nistes généralement arrêtés entre l'automne 1939 et 1940.

Arrivé le 16 mai 1941, il est à la baraque 10, la baraque des jeunes où il lie de nombreuses ami­tiés.

 

22 octobre 1941

Guy Môquet va mourir. Quelques minutes avant d'être conduit sur le lieu d'exécution, alors rassemblés avec ses camarades dans la baraque 6, il écrit une dernière lettre à sa famille, cette fameuse lettre qui commence par, «Je vais mourir !», et se termine par, «Je vous embrasse de tout mon cœur d'enfant».

 Enfin, il griffonne un dernier petit mot pour une jeune communiste, Odette Leclan (aujourd'hui Odette Nilès), militante de l'union des jeunes filles de France. Il a fait sa connaissance un mois plus tôt alors qu'elle vient d'être internée au camp de Choisel et multiplie les contacts à travers une palissade de bois surmontée d'un grillage, qui sépare le secteur des garçons et celui des filles. Tombés rapidement amoureux, le jeune Guy regrette, dans ses dernières lignes, le baiser qu'elle lui avait promis.

Après l'arrestation de Prosper, Guy, sa mère Juliette et son petit frère Serge s'étaient réfugiés à Bréhal, dans la Manche. Il revient à Paris, seul, et milite avec ferveur au sein des jeunesses communistes réorganisées clandestinement. Il distribue des tracts et colle des papillons proclamant la politique du Parti, y compris après l'entrée des Allemands dans Paris, le 14 juin 1940, et la proclamation de l'Etat Français, le 10 juillet suivant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Châteubriant 22 octobre 1941.

 

Ma petite maman chérie, Mon tout petit frère adoré, Mon petit papa aimé,

 

Je vais mourir! Ce que je vous demande, à toi en particulier, petite maman, c'est d'être très courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean; j'ai embrassé mes deux frères, Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire, hélas !

J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées. Elles pourront servir à Serge qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi, petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la vie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beau­coup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. Dix-sept ans et demi. Ma vie a été courte! Je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous, je vais mourir avec Tintin. Michel. Ma­man, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine, je ne peux pas en mettre davantage, je vous quitte tous, toutes, toi maman, Séserge, fwpa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !

Votre Guy qui vous aime.

Guy.

Dernière pensée: «Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les vingt-sept qui allons mourir.»