Hommage aux femmes dans la Résistance

 

Andrée Gros - Duruisseau :

Andrée Duruisseau est née le 14 août 1925 à Garât (Charente) et elle habite avec ses parents au lieu-dit les forêts dans la commune de Bouex à trois kilomètres de la ligne de démarcation.

A la déclaration de la guerre elle a 14 ans et elle comprend que sa vie va basculer, la drôle de guerre est là et puis ce fut l'invasion des Allemands par la Hollande, la Belgique et puis la France.

Le Maréchal Pétain demande l'armistice mais son père est déjà contre. Ensuite il entend l'appel du Général de Gaulle qui lui met du baume au cœur comme beaucoup de Français, mais il fallut se plier aux ordres des nazis, drapeaux flottants sur les monuments. Comme elle était avec sa famille en zone occupée très près de la ligne de démarcation elle obtient un laissez-passer pour se rendre en zone non occupée pour passer des messages cachés sous la selle de son vélo, dans le guidon ou sous ses vêtements. Deux fois elle fut arrêtée mais sans conséquence. Jusqu'en 1942 sa vie s'organise dans l'exaltation pour faire passer des familles de l'autre côté. Mais le STO est mis en place, son frère s'y refusa et se cacha dans une vieille maison avec un camarade. Elle leur apportait du ravitaillement en évitant les mauvaises rencontres.

Le travail des faux papiers commença à cette époque. Un laboratoire de photos fut mis en place à la maison et c’est à ce moment-là qu'elle se fut homologuée agent P2 du BCRA. Son rôle consistait à assurer les liaisons entre les résistants. Elle allait très souvent à Angoulême mais qui pouvait soupçonner une gamine de son âge de faire de la Résistance ? Elle le faisait pour l'amour de son pays et pour le débarrasser des hordes nazies.

Puis vint les parachutages, sa maison étant bien située, toute sa famille fut dans l'action. Il fallait cacher les armes et les distribuer. Ils organisaient les actions, mais le 21 février 1944 René Chabasse fut assassiné par les Allemands. C’était le fils de l’institutrice, donc elle devait aller prévenir la famille et récupérer tous les papiers compromettants.

Les contacts avec Londres furent interrompus les activités du B.O.A mises en sommeil, car peut être une trahison pouvait leur faire redouter l'arrivée de la Gestapo, après la mort de René Chabasse.

Elle fut arrêtée par la Gestapo le 15 mars 1944 emprisonnée à Angoulême, battue, torturée, mais elle n'a pas parlé. Ensuite ce fut Romainville, puis Ravensbruck et Buchenvald dans un commando pour travailler pour l'effort de guerre allemand.

Le vent tourne et l'Allemagne vaincue, elle peut rentrer chez ses parents en Charente qui l'attendent. Mais elle est très éprouvée par sa déportation, mais elle va se refaire la santé dans une ancienne colonie de vacances au Pilat près d'Arcachon où elle rencontre celui qui deviendra son mari.

Un jour en vidant le grenier de ses parents elle retrouve le cahier qu'elle avait tenu après sa déportation et elle écrira un livre qu'elle appellera le cahier.

De son expérience dans les camps elle ira témoigner auprès des élèves des collèges et des lycées pendant de longues années qui furent pour elle de dire plus jamais ça.

A 98 ans toujours alerte, son acuité intellectuelle est intacte. Elle reste une grande dame qui a connu l'horreur, la peur, les appels par grand froid ou sous une chaleur écrasante, le travail forcé à l'usine.

Aujourd'hui nous ne pouvons que lui dire merci pour son courage et sa ténacité pour ne pas oublier celles qui sont restées là-bas. Elle est la dernière survivante Charentaise de l'enfer concentrationnaire.

Décorations : Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite, de la Médaille de la Résistance et de la Grand-Croix de la Légion d'Honneur.

Annette Colas