Limoges
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Commémoration de la grève insurrectionnelle des cheminots
Le 10 août 2024 en gare de Limoges
La grève insurrectionnelle des cheminots parisiens du 10 août 1944 a été commémorée dans le hall de la gare de Limoges Bénédictins en présence d'officiels, de représentants syndicaux, politiques et d'une centaine de personnes. La mairie de Limoges, la députée de la troisième circonscription de la Haute-Vienne, le député de la première circonscription, une sénatrice PS, un représentant du conseil départemental, un représentant de la fédération socialiste, le parti communiste français, le syndicat CGT des cheminots de Limoges, l'union syndicale des retraités CGT de la haute -Vienne, l'ONACVG, l'ANCAC section de Limoges ainsi que l'ANCAC section de Brive ont officiellement participé à cette commémoration.
Les deux députés, l'ANCAC, la mairie de Limoges, le syndicat CGT des cheminots de Limoges et le parti communiste Français ont déposé des gerbes.
Samuel Blanchon (12 ans) et Sacha Blanchon (10 ans) ont lu le texte ci dessous.
La gerbe de l'ANCAC a été déposée par Daniel Debet, ancien combattant de la guerre d'Algérie avec Sacha Blanchon.
Notre section remercie tous les participants et notamment les 2 porte-drapeaux de l'ANCAC, les 2 de l'ANACR et celui du souvenir français.
Commémoration de la grève insurrectionnelle des cheminots parisiens
Le 10 août 2024 en gare de Limoges
Chaque année, l'ANCAC commémore la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 août 1944 en gare de l'Est et ensuite sous de l'arc de triomphe.
Le ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l'arc de triomphe est réalisé en présence de personnalités mais aussi de l'Association Nationale des Cheminots Anciens Combattants (ANCAC), de la direction régionale SNCF, de la fédération CGT des cheminots, de l'Orphelinat National des Chemins de Fer de France et de représentants d'institutions telle que l'ONACVG.
Le ravivage de la flamme est la reconnaissance de l'héroïsme des cheminots.
La famille cheminote a payé un lourd tribut lors de la deuxième guerre mondiale.
Sa contribution à la libération de la capitale et du pays a été déterminante.
Aujourd’hui, dans le hall de la gare des Bénédictins, nous sommes présents pour rendre un hommage décentralisé, en raison des Jeux Olympiques, à ce mouvement d'insurrection. La seule grève qui reçoit les honneurs militaires. Une cérémonie labellisée par la préfecture de la Haute-Vienne dans le cadre des quatre-vingts ans de la libération.
Unis par leur statut depuis 1938, porteurs d'un esprit de lutte et de solidarité pendant l'occupation, les cheminots ont gagné une reconnaissance de la nation par l'attribution de la légion d’honneur et de la croix de guerre avec palmes à la SNCF.
Les cheminots ont payé un lourd tribut à la liberté.
- Près de 9 000 cheminots ont laissé leurs vies dans des actes de résistances.
- 16 000 ont été blessés.
- 25 000 ont été déportés dont 1 300 sont morts dans des camps nazis
- 244 tués au combat.
- 112 tués pendant les combats de la libération.
- 87 cheminots résistants engagés à la libération dans la nouvelle armée républicaine sont morts au combat.
Oui ! Les cheminots ont écrit une page de l'histoire avec leur sang.
Les cheminots ont également fait payer un lourd tribut à leur outil de travail qui a été en partie détruit:
- 3 000 kilomètres de voies rendues inutilisables,
- 2 300 ouvrages détruits,
- 71 dépôts sur 130 détruits,
- 31 ateliers de réparation détruits,
- 115 grandes gares détruites sur 322,
- 24 gares de triages détruites sur 40.
Malgré l'occupation et la clandestinité, le 17 avril 1943, la réunification de la CGT est scellée.
Cet événement donne une impulsion décisive à la mise en place du Conseil National de la Résistance dont le programme exprime les préoccupations du mouvement ouvrier. Ce programme est d'ailleurs toujours d'actualité de nos jours avec la Sécurité Sociale, l'énergie, la liberté de la presse, des associations, la liberté de manifester, le droit de grève, le droit à la Santé, le statut de la fonction publique…
Comment ne pas citer aujourd'hui 10 août 2024, quelques extraits du programme du Conseil National de la Résistance.
- Un rajustement important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et sa famille, la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine.
- Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.
- Que soit promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite et constamment renouvelée par des apports populaires.
Le CNR a ouvert la voie aux jours heureux.
Au début de l’année 1944, Benoît FRACHON formule l'idée de la grève générale patriotique et revendicative qui doit déboucher sur une grève insurrectionnelle en multipliant les actions sur l'ensemble du territoire (débrayages, sabotages, présentation de cahiers revendicatifs)
Dès le 1er mai, l'accent est mis sur les centres ferroviaires de la région parisienne.
Les comités populaires décident d’y préparer les futures actions en mettant l’accent plus particulièrement sur les centres où les forces de résistance sont les plus importantes.
Il s’agit des centres des Batignolles, Noisy le sec, Montrouge, Villeneuve-St-Georges, Charolais, Vitry, la Villette et de la Plaine Saint-Denis. C’est évidemment à partir de ces centres que s’organise, dans les mois qui suivent, la bataille décisive.
Le 14 juillet est l'occasion d'accélérer le processus.
Le 6 août, sur la base d’un cahier revendicatif élaboré par le comité de grève et déposé auprès des chefs d’établissements des huit centres, il est demandé une réponse positive pour le 10 août.
C’est l’ultimatum.
Le 10 août 1944 à 9 heures, la grève générale est déclarée et s’élargie à une vingtaine de centres alors que le débarquement du 6 juin décuple la volonté de chasser l'occupant nazi.
Les travailleurs du chemin de fer sont donc les premiers dans la grève insurrectionnelle qui plonge la classe ouvrière française dans les combats de la libération. Très rapidement, ils sont rejoints dans la grève par la police parisienne le 15 août, puis par les postiers le 16 août, le 17 août Radio-Paris cesse ses émissions, le 18 août, la confédération CGT appelle à la grève générale suivie par la CFTC le 19 août au matin. Le même jour, c’est le début de l’insurrection parisienne à l’appel du Comité Parisien de Libération (CPL) et du Conseil National de la Resistance (CNR).
Le CNR est composé par : la CGT et la CFTC pour les syndicats, du PCF, du front national à ne pas confondre avec le parti politique qui a utilisé ce même nom et qui est à l'opposé du mouvement de résistance pendant la deuxième guerre mondiale, de libération nord, de combat, des francs-tireurs, de l'alliance démocratique, de la SFIO, ceux de la libération, de libération sud, des démocrates-chrétiens, des radicaux, ceux de la résistance, organisation civile et militaire, fédération républicaine.
Les cheminots, qui sont entrés les premiers dans la lutte en décrétant la grève générale sont salués, dans un communiqué du comité parisien de libération le 13 août.
Autre lieu, mais toujours pour libérer le pays de l'occupation.
Le 15 août 1944, en Provence, c’est le débarquement. La 7ème armée américaine et la 1ère armée française du général De Tassigny comprenant des Français de la métropole, des unités de l'armée africaine et celles formées en Afrique du Nord débarquent sur les plages. Au soir, près de 110 000 soldats alliés ont pris pied en Provence pour fixer les troupes ennemies. Entre le 25 et le 26 août 1944, les libérations de Toulon et Marseille sont effectives un mois plutôt que prévu. Beaucoup de villes sont ensuite libérées par les alliés pour arriver à une capitulation de l'Allemagne nazie, sans condition, le 8 mai 1945.
Le Limousin a été pendant la 2nde Guerre Mondiale une terre de combats, de résistance et de luttes, mais aussi de sacrifices avec les massacres d’Oradour-sur-Glane, de Tulle, d’Ussel, du Pont Lasveyras, du Malabre. 84 cheminots nés en Limousin (Haute-Vienne, Creuse et Corrèze) mais aussi nés dans d'autres régions sont morts en Limousin, ont été des victimes de la répression et des combats de la libération.
Le 21 août 1944, à l'issue victorieuse des combats du Mont-Gargan qui durèrent du 17 au 24 juillet 1944, Limoges est libérée sans un coup de feu par le colonel Georges GUINGOIN, le préfet du maquis et ses maquisards. La capitale du maquis est libérée après son encerclement par les forces françaises de l'intérieur mais aussi une négociation avec le général allemand représentant l'armée occupante. La reddition des Allemands est officielle mais les SS refusant de s'incliner enlèvent le général et l'exécute.
Mais le titre de gloire, un de plus pour les FFI, c'est d'avoir réussi à sauver tous les emprisonnés de la place du Champ de Foire, leurs frères d'armes et d'espérances dont la vie était dangereusement menacée.
N 'oublions jamais tous les combats autour de Limoges et les nombreux résistants qui ont payé de leurs vies pour que notre ville soit enfin libre. N 'oublions jamais toutes les familles meurtries, les combattants ayant gardé des séquelles psychologiques et physiques pour le restant de leurs jours.
Georges Guingoin, initiateur d'actes de résistance dès juin 1940, recherché, menacé, vivant dans la clandestinité, a été fait compagnon de la libération par le général De Gaulle le 19 octobre 1945. Extraordinaire meneur d'hommes que son exemple galvanise, il constitue une des plus belles figures de la résistance : lignes élogieuses prononcées par le général De Gaulle lors de la nomination du premier maquisard de France à l'ordre national de la légion d'honneur.
Revenons à Paris :
Le 25 août, en gare de Montparnasse, le général Leclerc et le colonel Rol-Tanguy chef des insurgés militaires, reçoivent la reddition allemande.
Pendant ce deuxième conflit mondial, la fédération CGT, illégale et clandestine des cheminots, combat le régime de Pétain et l'occupant nazi.
Malgré la répression, les tortures, les déportations et les assassinats les cheminots combattent les ennemis de la France mais aussi pour la satisfaction des revendications quotidiennes et du monde ouvrier.
La libération de Paris, c'est la victoire de l'indépendance nationale et de la liberté.
En cette année 2024, 80ème anniversaire de la libération de la France, dans notre Limousin terre de résistance, nous rendons un hommage à tous ces combattants morts pour la France, mais aussi à tous ces combattants déportés, mutilés, torturés, traumatisés dans leur chair.
Combattants dans la région parisienne mais aussi dans le Vercors, dans le Mont-Gargan, dans les maquis de l'Ain et dans beaucoup de villes et villages français.
En cette année 1944, toute la France est un maquis.
80 ans plus tard, c’est enfin l'entrée de Missak Manouchian et Mélinée Manouchian au Panthéon. Un hommage ainsi rendu à ses 23 résistants assassinés par les nazis. Des résistants étrangers, membre des FTP-MOI, qui n'avaient pas la nationalité française mais ont donné leurs vies pour la liberté et la démocratie en France. 23 noms pour honorer la résistance. Ils étaient tous communistes, étrangers, juifs, antifascistes mais ils défendaient la France.
Aujourd'hui, il faut se rappeler que grâce aux polonais, aux italiens, aux espagnols et beaucoup d'autres nationalités, la France a été libérée et reconstruite. De nombreux français sont d'origine étrangère. Pour certains, ils sont illustres et ont participé ou participent encore au rayonnement de notre pays : Marie Curie, Pierre Cardin, Serge Gainsbourg, Charles Aznavour, Zinedine Zidane. Beaucoup d’autres sont les anonymes et ont permis et permettent encore à la France de rayonner dans le monde.
Les petites mains, les métiers bien souvent manuels, les métiers d'aide à la personne et bien d'autres, sont souvent de nos jours assurés par des personnes d'origines diverses mais qui font la richesse de la France.
80 ans après, une ordonnance instituant le droit de vote et l'éligibilité des femmes, la population actuelle se doit toujours de défendre les valeurs humanistes, démocratiques, de solidarité et de résistances sociales. La paix entre les peuples et les libertés dans le monde sont des nécessités qui doivent s'imposer au-delà des haines, de la xénophobie, de l'homophobie et toutes formes de discrimination. Ne pas oublier qu’aujourd’hui, c'est aussi résister pour qu'un centre culturel Jean MOULIN ne soit pas débaptisé, qu'une place ou une rue change de nom en fonction des idées politiques d'une municipalité, qu'un portrait de Pétain soit installé dans une mairie.
L’histoire ne doit pas être réécrite, ni dans les livres, ni dans les noms des bâtiments. Notre devoir de citoyens, de grands-parents, de parents est de transmettre la mémoire pour que le passé ne soit ni oublié, ni revécu.
La commémoration de la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 août 1944 perpétue le devoir de mémoire des résistants et déportés afin que le « plus jamais ça » prononcé à Auschwich devienne réalité.
Aujourd'hui, 10 août 2024, l'Association Nationale des Cheminots Anciens combattants, le syndicat CGT des cheminots de Limoges, le parti communiste Français, la ville de Limoges, la SNCF et deux deputés vont déposer des gerbes en hommage à nos aînés.
Nous leurs devons notre Liberté.
N’oublions jamais la devise de la nation : liberté-égalité-fraternité
Vive la France !
Section Ancac de Limoges
François-Xavier Mascunan