La ligne Maginot

 

Après la Première Guerre mondiale, le gouvernement français demande à l'état-major d'étudier la question de la défense de la France. Après bien des débats, le Conseil supérieur de la guerre se prononce, en 1927, pour une organisation défensive générale des frontières. Le coup d'envoi sera donné par la loi Maginot en janvier 1930.

 

La question de la défense de la France est soulevée dès février 1919 par Clemenceau. La réflexion qui s'engage est marquée, entre autres, par Foch, Pétain et Joffre. Aux idées de Foch, peu favorable aux systèmes défensifs statiques, s'opposent celles de Joffre, partisan d'une formule rappelant les forts de Verdun, de Toul et d'Épinal, et de Pétain, prônant des fronts fortifiés linéaires et profonds. D'août 1922 à mars 1925, une Commission de défense du territoire travaille sur les bases d'une organi­sation défensive. Mais c'est l'arrivée au ministère de la guerre du mathématicien Paul Painlevé, en 1925, qui relance le programme de l'organisation de défense des frontières. Il oriente la politique militaire vers une stratégie purement défensive. Des études complémentaires sont confiées à la Commission de défense des frontières, créée le 31 décembre 1925. Elle propose un an plus tard une organisation défensive générale des frontières, définit un tracé et les formes de fortification. Après bien des débats, en octobre 1927, le Conseil supérieur de la Guerre se prononce pour le système suivant : la construction, aux points importants de la ligne de résistance, d'ouvrages puissants reliés à des abris-cavernes par des communications à l'épreuve des bombardements, et, dans les intervalles, d'ouvrages d'infanterie et d'abris destinés à assurer la continuité des feux. Les études se poursuivent et, le 17 janvier 1929, une note adressée au président du Conseil conclut la phase d'élaboration du programme. Sont prévus un équipement général du territoire et des zones frontières (voies ferrées, routes, réseaux téléphoniques...), la création d'un système défensif sous forme de régions fortifiées discontinues, une réserve de matériel aisément transportable. Le gouvernement accorde les moyens financiers demandés par les militaires. Certains travaux limités commencent dès 1929, mais c'est le vote de la loi Maginot, alors ministre de la guerre, le 14 janvier 1930, qui donne le coup d'envoi au démarrage des chantiers en accordant les premiers crédits pour une tranche de quatre années de travaux.

Le dispositif prévoit trois régions fortifiées, celle de Metz-Thionville, celle de la Lauter, celle de Belfort, ainsi qu'une barrière de casemates le long du Rhin, des « barrages » fortifiés dans les Alpes et quelques éléments dans le Nord.

La Commission d'organisation des zones fortifiées (CORF), créée en 1927, reçoit pour mission de mener à bien cette œuvre. C'est donc sous son autorité qu'est édifié l'un des plus formidables ensembles fortifiés d'Europe, la ligne Maginot, épousant le tracé des frontières sur près de 700km du Nord au Sud comprenant 44 gros ouvrages d'artillerie, 62 ouvrages moyens d'infanterie, 365 casemates, 17 observatoires, 89 abris d'intervalle, plus de 150 tourelles de tout type.

La plus grande partie est construite entre 1930 et 1935, puis des travaux se poursuivent, dans une moindre mesure, jusqu'en 1940. Les gros ouvrages constituent de véritables petites villes souterraines dans lesquelles sont hébergés des centaines de soldats.

En mai 1940, les Allemands franchissent les Ardennes ; la ligne Maginot est alors prise à revers. Des combats durs se déroulent autour des ouvrages ; les soldats français résistent. La majorité des équipages, invaincus, ne se rendra que sur ordre après l'armistice pour prendre le chemin de la captivité.