Sarrebourg
Le 12 janvier, la section Sarrebourg a tenu son assemblée ordinaire. Le président a fait un bilan plutôt positif de cette première année d’existence de la section.
Le président, le secrétaire et le trésorier en place ont été reconduits à l’unanimité dans leurs fonctions pour une année supplémentaire.
Le matin du 26 janvier 2024, la section Sarrebourg de l’A.N.C.A.C. a participé à une cérémonie commémorative pour la Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah en gare de Rothau.
Pour rappel, la gare de Rothau était la gare ou arrivaient les déportés pour le camp de concentration de Natzweiler-Struthof.
Lors de cette commémoration, l’une de nos plus jeunes membres, Mme Fanny Lanrençot a partagé avec les personnes présentes un texte écrit par un autre de nos membres, M. Pascal Jung. (Copie de ce texte en dessous)
- Fabrice Deleaval, Directeur DDL Alsace, était également présent pour rendre hommage aux cheminots.
Cela fut rendu possible grâce à l’invitation de la mairie de Rothau et l’association Regard d’enfants, que nous tenons à remercier.
L’après-midi, quelques membres de la section se sont rendus au collège de Lorquin en Moselle, sur invitation du souvenir Français de Lorquin, que nous tenons a remercier également. Cette invitation a permis à nos membres présents d’échanger avec les collégiens et le corps enseignant sur la place des cheminots lors de la seconde guerre mondiale.
Mesdames, messieurs, élèves du collège « Frison Roche » de la Broque, je vous remercie de votre accueil.
Je me présente, Fanny Laurençot, cheminote à l'établissement de Strasbourg, exerçant la fonction d'agent commercial à bord des trains depuis 2016, et membre de l'amicale des anciens combattants cheminots
Demain le 27 janvier, sera la journée internationale à la mémoire des victimes de l’holocauste. Une date sombre qui restera gravée à jamais dans la mémoire collective.
Les nazis n'avaient aucune limite, dans leur folle volonté de domination.
Tout ce qui pouvait servir au développement de leurs projets sordides, était exploité avec une redoutable efficacité.
La SNCF n'en fut pas, exempte, bien au contraire
En 1940 l'entreprise disposait, d'un réseau ferroviaire de 42 000 km couvrant la totalité de l’hexagone, avec un parc de 17 000 locomotives à vapeur, 28 000 voitures de voyageurs, 457 000 wagons de marchandises, et d'un effectif de 500 000 cheminots permettant d'assurer son bon fonctionnement. Cela faisait de la SNCF, la plus grosse entreprise Française
Nationalisée le 1 er janvier 1938, elle appartenait intégralement à l'état Français.
Lors de la signature de l'armistice le 22 juin 1940 la SNCF fut immédiatement mise à la disposition de l'occupant.
Sous couvert de l'article 13 de la convention d'armistice que Je cite :« La SNCF est mise à disposition pleine et entière du chef Allemand des transports ».
Aucune ambiguïté n'était permise, et son avenir était scellé.
La SNCF .se devait de servir l'occupant Allemand en priorité absolue !
Oui la SNCF a participé à la déportation de femmes, d’enfants, d'hommes de tous âges. Condamnés pour ne pas répondre aux critères des Nazis.
80 trains ont ainsi été affrétés avec toute la froideur administrative que demandait une telle organisation.
Un total de 76 000 juifs et 86 000 prisonniers politiques furent déportés vers les camps de la mort.
Entassés dans des wagons à bestiaux sans le moindre confort, avec des conditions sanitaires déplorables, à la merci du froid, de l'humidité et des chaleurs accablantes.
La SNCF et son personnel, n'ont été qu'un rouage pour servir la folie meurtrière des nazis. Elle ne disposait d'aucune liberté d'action.
Tous les postes clés de l'entreprise étaient sous la direction des cheminots Allemands détachés de la Reishbahn.
Les manquements aux directives de ces derniers étaient sévèrement réprimés.
Cela n'a pas empêché de voir apparaître des actes de résistances de la part de certains cheminots se traduisant le plus souvent, par des détériorations volontaires de matériel ou par la transmission aux réseaux résistants d'informations sensibles. Mais cela n’était que des actes isolés, dictées par la conscience de chacun. Toutefois, 2000 cheminots le payèrent de leurs vie.
Quand j'y pense, je ne sais pas ce que j'aurai fait en cette sinistre période.
Serai-je restée placide, me contentant d’effectuer mon travail sans sourciller, voir fermer les yeux pour me cacher la vérité ou aurais-je été réfractaire à cette barbarie sans limite en intégrant un réseau de résistants au péril de ma vie et celle de ma famille. J'avoue que je n'ai pas la réponse.
Mais j'ai une pensée pour mon collègue, Mr Léon Bronchart, conducteur de train à Montauban qui le 31 octobre 1942, fort de ses valeurs morales, a eu le courage de dire NON, et refusa d'acheminer un train de déportés. Il a été sanctionné par sa hiérarchie mais sa sanction fut bien moindre que celle infligée à ses passagers.
Certes, son courage retarda le convoi de quelques heures mais n'empêcha en rien le funeste destin de ces malheureux.
Croyez-moi, ce passé douloureux est difficile à porter pour les cheminots et la SNCF.
Nous avons le devoir de ne pas oublier et de retenir les leçons de cette triste période. Nous devons rester vigilants et unis pour que de telels horreurs ne se reproduisent plus jamais
Mesdames, messieurs et élèves du collège Frison Roche je vous remercie pour votre attention.