Dijon

 

 

 

1944-2024 80ème anniversaire

 

Dijon 80ème anniversaire des sept cheminots résistants dijonnais décapités par les nazis le 19 avril 1944 à Stuttgart.

La section ANCAC de Dijon et le secteur fédéral des cheminots CGT ont commémoré cet anniversaire devant la plaque souvenir cours de la gare. 150 personnes assistèrent à cette cérémonie dont de nombreuses personnalités dijonnaises et de responsables des organisations syndicales CGT de la région.

Après cette cérémonie, une conférence était organisée à l'occasion du 80ème anniversaire du programme du Conseil national de la résistance, avec la présence de Gilbert Garrel président de l'institut d'histoire sociale confédéral CGT. Plus de 80 personnes ont assisté à cette réunion. 2 moments forts dans la mémoire cheminote, très appréciés par les participants.

Photo Ville de Dijon

 

Discours prononcé par Robert Moullière

Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer le 80ème anniversaire de la mort de nos 7 Camarades Cheminots résistants guillotinés le 19 avril 1944 à Stuttgart ainsi que Paul Meunier, employé municipal à la Ville de Dijon.

Dans le même temps, nous avons voulu y associer le 80ème anniversaire du Programme du Conseil National de la Résistance signé le 15 mars 1944 qui, à la libération de la France, a permis au nouveau gouvernement sous la Présidence du Général De Gaulle de mettre en application ce programme qui devait devenir une avancée significative dans la mise en place des grandes mesures sociales en France (Nationalisations, Sécurité Sociale, etc.)

Dès 1940, de nombreux cheminots entre dans la Résistance, ceux-là même qui avaient participés en 1936 aux grandes grèves qui devaient déjà apporter des avancées significatives dans la vie des Français.

A la déclaration de la guerre par Hitler, la Résistance s'est levée en France et particulièrement à Dijon au Dépôt de Perrigny. Dans le même temps, certains disaient plutôt Hitler que le Front Populaire.

Dès le début de l'occupation, plusieurs Cheminots Dijonnais de diverses opinions constituèrent des groupes de Résistance et de sabotages au dépôt de Perrigny. Ce groupe de 7 Cheminots des plus actifs a été homologué « Unité Combattante de la Résistance dès le 1er janvier 1941 » il est le premier groupe de France homologué à cette date.

Au fur et à mesure que cette Résistance s'organisait, les Cheminots redoublèrent d'ardeur dans la bataille. C'est ainsi qu'au Dépôt de Perrigny, des installations ferroviaires furent endommagées ou détruites, qu'il y eut de nombreux sabotages de matériel roulant à destination de l'Allemagne. Il ne se passait pas une journée sans qu'un sabotage ne soit effectué.

C'est en 1943 que ce groupe de Cheminots, par suite d’un parachutage d'armes le 13 juillet 1943 à Arcenant, participe à la récupération du plastic et le 14 juillet 1943, ils font sauter une machine qui se dirigeait sur la gare de Dijon faisant un vrai feu d'artifice. Ce groupe sera très actif mais très surveillé par la gestapo. Le responsable du parachutage est un Anglais. Il est accompagné dans ses déplacements par un chauffeur nommé Martin (on saura plus tard qu'il était un agent double, il sera fusillé par la Résistance dans le Jura).

Malgré toutes les précautions, les événements vont se succéder rapidement, le Capitaine Anglais est arrêté le 19 juillet 1943, le 23 août commence les arrestations des 7 Cheminots Résistants.

Tous se retrouveront dans les locaux de la rue du Docteur Chaussier où la gestapo a installé ses lieux de tortures.

Les bourreaux n'obtiendront aucun renseignement, s'ils reconnaissent leur participation active à la lutte contre l'envahisseur, pas un seul indice ne sortira de leur bouche sur les Cheminots qu'ils connaissent.

Le 27 novembre 1943, la cause est vite entendue, le tribunal hitlérien siégeant au 3 rue du Lycée, possédant toutes les preuves de leur activité contre l'armée allemande, les condamne à mort.

Devant cette condamnation, les Cheminots avec leur Syndicat CGT déclenchèrent une grève patriotique pour tenter de sauver leurs Camarades. Cette grève en pleine occupation fut un cas unique dans les annales de la Résistance Française.

Des pétitions circulèrent dans la population Dijonnaise à la suite d'un appel courageux d'un groupe de femmes appartenant à l'Union des Femmes Françaises Clandestines dont la responsable était Claudine Cadoux. Les pétitions furent transmises au préfet.

Les nazis reculèrent alors, l’ennemi prit peur devant la grève qui menaçait de s'étendre à d'autres centres comme Laroche, Chalon, Lyon. Une délégation de Cheminots fut reçue à Vichy et parlementa avec le sinistre Laval qui promet de s'adresser à Hitler.

Le 10 décembre 1943, la délégation est avisée que les 8 patriotes condamnés à mort étaient graciés. Ainsi la preuve était faite que l'action d'un peuple uni pouvait faire reculer l'ennemi.

Il est regrettable que les Délégués n'aient pu obtenir de rester en contact avec les Camarades graciés car leur calvaire n'était pas fini malheureusement.

Ils furent déportés le 22 décembre 1943 à PARIS puis incarcérés en Alsace puis à Karlsruhe et enfin à Stuttgart le 18 avril 1944.

Notre corporation paya très cher dans ce conflit, près de 9 000 morts, 809 fusillés massacrés et 1 157 morts en déportation.

La SNCF fut la seule entreprise à se voir décerner le 30 octobre 1949, la Légion d'Honneur et la Croix de Guerre avec Palme en reconnaissance des Mérites Civiques et Militaires des Cheminots.

Aujourd'hui, devant la montée du fascisme, de l'intolérance et de la haine, la vigilance s'impose.

Nous devons être les sentinelles de la Mémoire afin que demeurent présents au fond de chacun d'entre nous les grands moments qui ont marqué notre Histoire Nationale.

On dit souvent, avec juste raison, qu'un peuple sans mémoire est un peuple suicidaire.

En ce 80ème anniversaire, nous nous inclinons, avec respect, en leur Mémoire, eux qui furent l'Honneur de la France.

Rendons hommage à André Dubois, Raymond Gaspard, Raymond Pageaux, Maxime Perrau, Jean-Pierre Ridet, Jean Tamigi et Maurice Thuringer : « Morts pour la France » ainsi que leur Camarade Paul Meunier « Employé à la Ville de Dijon ».

 

Discours prononcé par Robert Moullière

président de la section ANCAC de Dijon.