Allocution cheminots 10 aout 2022 à la gare de l’est
Chaque année à la même date, nous nous réunissons pour commémorer la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 août 1944.
Chaque année nous nous rappelons le sacrifice de ces résistants de ces anonymes.
Mais ce qui a amené l’héroïsme des cheminots en 1944 doit être connu des plus jeunes générations, En ce sens cette commémoration qui précède celle de l'arc de triomphe dans la soirée doit avoir valeur pédagogique.
Oui l'amour de la paix, de la fraternité, de la liberté, de l’égalité, l'espoir d'un avenir meilleur, le refus de l'ordre établi de l'occupant nazi ont été les moteurs de celles et ceux qui se sont engagés, souvent au péril de leur vie, dans la résistance.
Le dire, le répéter constitue une modeste pierre à l’édifice de la mémoire collective quand tous les moyens sont utilisés pour gommer, effacer de la mémoire les réalités de cette période.
La grève du 10 août 1944 a contribué, avec d’autres évènements, au soulèvement des Parisiens pour libérer Paris.
Mais cette grève insurrectionnelle n’est pas arrivée toute seule, elle est la suite de plusieurs évènements qui l’ont précédé :
- Le 1er mai et le 14 juillet 1944, les cheminots participent aux grèves et aux manifestations. Nombre d’entre eux sont arrêtés, déportés.
- Le 6 août, la fédération CGT des cheminots, encore dans la clandestinité, dépose un ultimatum à la direction de la SNCF. Elle exige avant le 10 août la libération de milliers de résistants emprisonnés et que satisfaction soit donnée à plusieurs revendications.
- Le 10 août 1944, les Organisations syndicales appelaient les cheminots à la grève afin de paralyser les transports ferroviaires des troupes hitlériennes.
Dans la journée, ce mouvement gagne d’autres ateliers. Au soir du 10 août des milliers de cheminots sont en grève dans une vingtaine d’établissement, l’action se développe dans les gares et les dépôts.
Tous ces évènements, ne se déroulent pas sans réactions de l’occupant nazi qui poursuit les arrestations les prises d’otages, les fusillades et les déportations.
Il faut se souvenir que le soulèvement Parisien et la libération de la France n’est pas un évènement spontané mais bien le fruit d’hommes et de femmes qui dès 1940, alors que la CGT œuvrait dans la clandestinité, ont choisi la résistance à l’occupant nazi au péril de leur vie. Je cite Jean FUMEAUX « le 11 novembre 1940, le jour où les étudiants manifestaient à l’Arc de Triomphe, nous, on observait un arrêt de travail de dix minutes ».
Des morts et des déportations les cheminots en ont compté 1370 dans les combats ou les destructions, citons ici Pierre SEMARD, Auguste GARNIER, Jean CATELAS ou encore Georges WODLI tous dirigeants de la fédération CGT.
Le programme issu de l’ensemble des forces françaises de la résistance réunies dans le CNR fixait des objectifs de progrès social mais surtout de liberté :
- Liberté de la presse, des associations, de manifester, droit de grève.
- Sécurité sociale, droit à la santé, à la retraite, statut de la fonction publique, création des Comité d’Entreprise. Le droit aux loisirs, à l’instruction, à la culture, au travail et à un revenu décent.
- En matière économique, le programme se donnait les moyens du contrôle par la nationalisation des secteurs clés de la vie économique : La production d’énergie, les communications et les transports.
Parce qu’il constitue encore notre quotidien, ce programme n’appartient pas au passé, il porte des valeurs d’émancipations humaines et de civilisations. Il se conjugue au présent et au futur, notre devoir est de le faire connaître aux jeunes générations. Son nom les jours heureux.
Nous nous devons, en ce 91ème anniversaire de l'ANCAC, saluer le travail de ses membres. Cette association qui fournit à travers la vie des sections la matière à sauvegarder, pour l'avenir, la mémoire de ce passé que certains voudraient voir oublié. Elle exige la reconnaissance des droits des anciens combattants. Il faut aussi saluer l’action pour la PAIX engagée sans relâche par l’ANCAC.
En Ukraine, pendant que les dirigeants des grandes puissances jouent leur influence sur les pays limitrophes à coup d’OTAN et d’ex-pacte de Varsovie, le peuple Ukrainien souffre des bombardements de l’agression Russe faisant de nombreuses victimes civiles, jetant sur les chemins de l’exil ; dans l’Eutrope entière, des familles de refugies et créant des dégâts matériels dont ce petit pays aura du mal à se relever. Au quotidien ces combats ne connaissent pas de cesse multipliant le nombre de morts,
L’ANCAC ne peut rester insensible à cette situation, alors que l’instauration d’un monde en paix, est l’un des buts de cette association. Même si aujourd’hui la période est différente, les enjeux sociaux sont au cœur des débats :
Sur le Pouvoir d’achat : Depuis quelques mois le prix de l’essence et des quantités de denrées alimentaires a subi des hausses à un niveau jamais atteint, le gouvernement n’a trouvé comme réponse que l’attribution de primes et de chèques Energie, mais aucune mesure durable.
Particulièrement pour les retraites, grâce aux mobilisations impulsées par la CGT, le gouvernement a été contraint d’annoncer et de faire voter au Parlement, une augmentation de 4 % des retraites, Le mardi 26 juillet au soir M. Charles de Courson présente un amendement pour la hausse des retraites, prenant en compte le niveau réel de l’inflation pour 2022, soit 5.5 % à ce jour, contre 4 % comme proposé par Bercy. Malgré un appel du gouvernement à voter contre, cet amendement passe avec une majorité de l’Assemblée nationale présente. Face à cette situation, le gouvernement a fait revoter les députés, en pleine nuit, pour annuler cet amendement. Quel scandale ! Une fois de plus, ce gouvernement et son président des riches démontrent leur vision de la démocratie à l’égard de l’Assemblée nationale et leurs intentions néfastes envers le monde des retraités.
Devant la remise en cause systématique des acquis sociaux, la CGT pour le présent et pour l’avenir continuera d’exiger le maintien des droits des salariés.
Philippe Delespaux