« Elles…. Dans la résistance »

 

En Haute-Vienne, comme partout en France, des femmes ont résisté à leur façon, sans doute de manière moins spectaculaire et plus diffuse que celle des hommes, mais néanmoins déterminante.

 

Tout comme les hommes, les raisons de leur engagement personnel sont diverses :

  • Refus de l’armistice,
  • Rejet des idéologies fascistes,
  • Volonté de « faire quelque chose ».

Toutes poursuivent les mêmes buts : lutter contre la politique du régime de Pétain, chasser l’occupant et libérer le pays.

 

Ce sont surtout les femmes qui tapaient et ronéotaient les tracts et les journaux clandestins. Les femmes, secrétaires, dactylos ou encore employées dans les administrations et les entreprises, utilisaient leurs compétences sur leur lieu de travail. Ce sont aussi elles qui assuraient la distribution de ces tracts et journaux clandestins.

 

C’est le cas, entre beaucoup d’autres de Denise Decossas, dont l’appartement rue de la Mauvendière à Limoges, abrita un temps l’imprimerie clandestine du journal Valmy, dont le 1er numéro parut en septembre 1943.

 

Les employées PTT quant à elles, pouvaient transmettre des informations et acheminer des courriers. Parmi eux, Germaine Della Giacomo, postière à Limoges et arrêtée le 23 mars 1944, puis déportée à Ravensbrück.

 

Thérèse Menot est embauchée au service de la comptabilité à l’usine Gnome & Rhône, alors sous contrôle allemand, qui réparait et fabriquait des moteurs d’avions. Elle s’occupait de la paie du personnel et pouvait circuler dans toute l’usine puisqu’elle appartenait aux services administratifs. Elle en profitait pour distribuer des tracts et journaux clandestins, dont le journal syndical La Vie Ouvrière. Travaillant dans un bureau, elle avait accès à une denrée rare ; le papier, qu’elle récupérait pour fabriquer des tracts qui étaient ronéotés ou écrits à la main. Elle « fauchait » également des cartes de travail vierges et en fabriquait des fausses pour les juifs ou pour les jeunes réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire).

Thérèse Menot est dénoncée par une collègue pro Pétain, elle sera arrêtée le 4 janvier 1944 par la Gestapo sur son lieu de travail, puis torturée et déportée à Ravensbrück. A son retour de Ravensbrück, elle retourne à son ancien emploi et se retrouve à travailler avec la personne qui l’a dénoncée !!

 

Suzanne Rodi-Boyer, cheffe de service à la répartition des cartes d’alimentation à la mairie de Limoges, établit des centaines de cartes de ce type pour toute la résistance. Elle a aussi fabriqué de fausses cartes d’identité pour les résistants ou apposé le cachet du recensement sur les cartes de jeunes, sans pour autant les mentionner sur les listes de recensement. Son domicile a servi de boîte aux lettres pour les tracts, journaux et appels à la lutte. Elle a hébergé de nombreux juifs recherchés, ce qui l’amènera, en 1965, à être reconnue Juste parmi les Nations. 

Après la guerre, en 1947, le service de ravitaillement fut supprimé progressivement. Léon Betoule, le nouveau maire qui remplaça George Guinguoin, entreprit une compression du personnel et elle fut licenciée !!

 

Gabrielle Sarre, guichetière à la caisse mutualiste, fabrique et distribue des tracts sur son lieu de travail. Devenue secrétaire de Jean Gagnant, elle est aussi agent de liaison avec le Centre Opération Parachutage Atterrissage (COPA). De nombreuses réunions clandestines ont lieu chez elle, où des gens arrivent, dorment une nuit, repartent sans qu’elle ne connaisse ni leur nom, ni leur identité. En effet, nombreuses sont celles qui ont accueilli des résistants, hébergé des clandestins, caché des juifs.

 

L’hôtel-restaurant de Lucie Valette, où mangeaient les GMR (Groupes Mobiles de Réserve), était le lieu de rencontre et d’abri de toute « l’armée des ombres ».

 

Marie-Louise Lagrange est membre dès 1941 du Front National de Libération. En plus de cacher des résistants et de servir de boîte à lettres, elle garde chez elle le matériel d’édition de l’organisation. Arrêtée en juin 1941, elle est restée quatre mois en prison. Relâchée, elle reprend ses activités au Front National de Libération. En mars 1943, elle rentre dans les FTP où elle sert d’agent de liaison jusqu'à la libération de Limoges.

 

Maria Roche est membre depuis l’été 1940 des organisations communistes clandestines de résistance-ville. En plus de cacher des résistants et de servir de boîte à lettres comme Marie-Louise, elle centralise l’argent, les vivres et les vêtements destinés aux patriotes arrêtés puis internés. Arrêtée en juin 1944, elle reste emprisonnée trois mois, puis est déportée à Ravensbrück.

 

Anna Coissac, agent de liaison du maquis Guinguoin, assurant les contacts quotidiens entre Eymoutiers et Limoges, soit une cinquantaine de km. Les femmes ont aussi constitué un véritable bataillon d’agents de liaison. Elles tenaient un rôle harassant et particulièrement dangereux, mais indispensable à l’existence et au développement de la résistance. Parcourant souvent des grandes distances à vélo, elles assuraient les liaisons nécessaires entre les groupes et les membres d’une résistance extrêmement cloisonnée.

 

Parmi ces nombreuses femmes, il ne faut pas oublier dans les campagnes, ces paysannes qui non seulement, ont souvent assumé la marche de l’exploitation, mais ont aussi accueilli, logé, nourri, les hommes des maquis et les clandestins.

A la ferme du Mouret, près d’Eymoutiers, Maria Bourdarias, dès 1941 cache, soigne, ravitaille George Guinguoin. Au cours des années suivantes, la « mère du maquis » garantit gîte et nourriture à de très nombreux maquisards.

 

On le voit donc, dans leur grande diversité, les femmes ont participé à part entière à l’ensemble de l’action résistante aux côtés des hommes. Elles sont présentes dans tous les secteurs de l’action clandestine, y compris dans le combat militaire. Ici, il faut rappeler la figure de Violette Szabo, membre du réseau S.O.E (Spécial Opérations Exécutive). Parachutée au Clos de Sussac dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, elle fut arrêtée les armes à la main, le 10 juin par les hommes d’une unité de la tristement   célèbre, division Waffen SS « Das Reich ». Emprisonnée à Limoges, torturée, elle est déportée à Ravensbrück où elle est assassinée le 26 janvier 1945.

 

En Haute-Vienne, comme ailleurs, les femmes ont tenu un rôle crucial dans la résistance, tant dans les villes que dans les campagnes. Les femmes citées ici ne sont que quelques-unes parmi de nombreuses autres, sans compter toutes celles qui restent anonymes. Leurs actions, qu’elles considèrent comme « normales », restant à jamais méconnues.

Section ANCAC Limoges