La SNCF à la libération

 

A la libération, le réseau ferré compte les destructions suivantes :

       3203 ouvrages d'art dont :  2603 ponts-rails, 70 souterrains, 530 passages supérieurs soit, au total, 150 km de brèches.

       4 350 000 m2 de bâtiments atteints, soit près du tiers de la surface totale bâtie de la SNCF et dont 2 680 000 m2 à reconstruire entièrement.

       77 grands dépôts de locomotives atteints gravement sur 144.

       25 gares de triage importantes ravagées sur 40.

       19 grands ateliers de réparation sur 33.

       120 gares à voyageurs touchées sur 330.

 • 3 040 km de voies principales ainsi que 1 830 km de voies de service et 14 000 appareils de voie.

       688 postes de signalisation.

       28 000 km de circuits téléphoniques.

       Sur un parc de 17 058 locomotives à vapeur à la veille des hostilités, la S.N.C.F. n'a pu en dénombrer, en septembre 1944 que 10 500 dont 3 000 seulement étaient en état de marche.

A la même époque, 240 000 wagons étaient présents en France, dont

Seulement 172 000 étaient utilisables, alors que le parc de 1939 s'élevait à 478 000.

       Sur 37 700 voitures à voyageurs et fourgons à bagages en 1939, il n'en restait plus que 16 900 dont 8 000 seulement étaient utilisables.

 

Les cheminots dans la seconde guerre mondiale

 

Le 1er janvier 1938, naît la SNCF, Société Nationale des Chemins de Fer Français, fusion intégrale des grandes compagnies et des deux réseaux de l'Etat et d'Alsace-Lorraine.

 

Avec un effectif de 514 000 cheminots, un réseau de 42 700 km de lignes et un parc de 15 600 locomotives, elle assure la première année de sa création un trafic de 540 millions de voyageurs et de 132 millions de tonnes de marchandises. Mais, à peine créée, elle doit faire face aux besoins

 

de la Nation pour acheminer, dès la mobilisation de 1939, les trains militaires et particulièrement ceux des troupes (8 740 trains) tout en maintenant ses efforts pour transporter les civils et aussi les marchandises nécessaires à la vie du pays. Elle le fera d'ailleurs avec un effectif réduit de 90 000 cheminots mobilisés aux Armées.

 

L'action des cheminots durant la guerre et l'occupation

 

Pendant la phase des combats de 1940, le réseau subira les attaques incessantes de l'aviation, mais il constituera aussi un obstacle matériel à l'avance des troupes ennemies. Profondément attachés à leur patrie, les cheminots, conscients du rôle qu'ils peuvent jouer contre l'appareil militaire allemand, vont, durant l'occupation, tout mettre en œuvre pour le fausser, le dérégler. Sous mille formes, leurs actions de sabotage se succéderont : des détournements de trains militaires aux déraillements volontaires, des destructions d'ouvrages d'art à la détérioration des locomotives. Parallèlement à ces obstructions systématiques visant à désorganiser la machine allemande, les cheminots assureront les transports indispensables au maintien de l'activité du pays.

 

L'année 1944 sera pour les cheminots la plus difficile et la plus dure. A l'aube de la Libération, les arrestations massives, les exécutions, les déportations se multiplient. Les cheminots n'en poursuivront pas moins leurs actions de résistance tout en continuant d'assurer un minimum de service. Ils contribueront grandement, par une paralysie du réseau à la Libération, à retarder les transports de l'ennemi vers les fronts alliés. Mais, durant ces années de lutte, les cheminots auront payé un lourd tribut à la défense de la patrie : 8 938 morts, 15 977 blessés.

 

La reconstruction, a la Libération, le réseau est profondément meurtri et aux trois quarts hors d'usage : 3 203 ouvrages d'art sont détruits, 3 040 km de lignes principales sont inutilisables, 77 grands dépôts de locomotives sur 144 sont gravement endommagés. Il en est de même pour 25 gares de triages sur 40, pour 120 grandes gares de voyageurs sur 330 et il ne reste alors que 3 000 locomotives en état de marche. Ce triste bilan ne décourage pas la corporation. Avec force, les cheminots entreprennent la reconstruction de l'outil de travail : remise en état des voies, des ponts, des installations, récupération et réparation du matériel moteur et du matériel roulant. Ainsi le réseau sera reconstruit dans un temps record et dès 1947, le trafic assuré sera supérieur à celui de 1938 : 649 millions de voyageurs, 141 millions de tonnes de marchandises.

 

L'action, le courage, l'abnégation de son personnel, vaudront à la SNCF de recevoir les hautes distinctions de la Croix de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre avec palme.