Mise en œuvre des « plans d’action »

À la suite des opérations « Overlord » et « Anvil »

 

Début 1943, après la conférence ayant réuni du 14 janvier 1943 au Maroc à Casablanca ROOSEVELT, CHURCHILL, GIRAUD et DE GAULLE, une structure interalliée chargée d’examiner la planification d’actions sur les côtes Européennes occidentales afin de soulager les fronts Italien et Soviétique, a été mise en place avec a sa tête un chef d’état major « Chief Of Staff to Supreme Allied Commander » (COSSAC).

Plusieurs autres conférences vont réunir dans les mois suivants les dirigeants politiques et militaires, notamment la conférence Trident à Washington du 12 au 27 mai 1943, celle de Quadrant à Québec du 17 au 24 août 1943 et enfin celle de Téhéran du 28 novembre au 1er décembre 1943 lors de laquelle est confirmé le débarquement en Normandie dans la période de mai-juin 1944 ainsi qu’une opération synchronisée en Méditerranée en plus d’une offensive soviétique à l’est.

Afin de coordonner toutes les structures qui seront impliqués dans ce que l’Histoire retiendra sous le nom de «Opération Overlord » pour le débarquement en Normandie et de «Opération Anvil puis Dragoon » pour le débarquement de Provence, les Services Secrets de la France libre ont travaillé à la mise au point, durant l’été et l’automne d’une série de « plans d’action » à mettre en œuvre par la résistance intérieure dans la période précédant immédiatement le débarquement et le suivant.

« Les dés sont sur le tapis »

Ce message, diffusé le 5 juin par la BBC, donne à la résistance le signal de la mise en œuvre du « Plan Vert » préparé à Londres dès le printemps 1943 en liaison, entre autre, avec le mouvement de résistance intérieure « Résistance-Fer ». Cela se concrétise par le dynamitage des principales lignes de chemin de fer de la zone Paris-Granville et Paris-Cherbourg. Ce plan se traduira aussi, dans les 24 heures suivant le D-Day, par la réalisation par des équipes de sabotages aguerries de la quasi-totalité des coupures de voies et destructions d’ouvrages d’art prévues par le « Plan Vert » visant notamment 300 points sensibles difficiles à bombarder sur l’ensemble du réseau ferré. De juin à juillet 600 déraillements eurent lieu, 1800 locomotives et 6000 wagons immobilisés. Sur l’ensemble du mois de juin 945 actes de sabotages ont eu lieu soit une moyenne de 25 par jour.

Mais les cheminots ont payé un lourd tribut à la liberté :

*                 Près de 9 000 cheminots ont laissé leurs vies.

*                 16 000 ont été blessés.

*                 25 000 ont été déportés dont 1 300 sont morts dans des camps nazis.

*                 244 ont été tués au combat.

*                 112 ont été tués pendant les combats de la libération.

*                 87 cheminots résistants engagés à la libération dans la nouvelle armée républicaine sont morts au combat.

Oui ! Les cheminots ont écrit une page de l'histoire avec leur sang.

D’autres plans d’action furent mis en œuvre pour la résistance et par la résistance afin de retarder l’avancée des troupes allemandes mais de les désorienter.

La mise en œuvre du « Plan Bibendum » qui prendra par la suite le nom de « Plan Tortue » ou « Plan Anti-Panzer » devait se concrétiser par la multiplication, dans les départements du Nord et de l’Ouest, d’obstacles au déplacement des divisions panzers vers le front : arbres coupés, destruction de ponts routiers, dispersions de crève-pneus, modification de signalisations routières, etc…

La mise en œuvre du « Plan Violet » devait se concrétiser par la destruction des lignes téléphoniques afin de couper les communications de l’ennemi entre la zone du débarquement et ses bases arrière et même au-delà avec son état-major en Allemagne.

La mise en œuvre du « Plan Bleu » devait se concrétiser par la destruction des lignes électriques à hautes tension, en premier lieu celles alimentant les zones de fortifications côtières, plus largement le réseau ferré électrique, les usines d’armement… En juin, en Côte-d’Or, la ligne électrique à haute tension « la Dijonnaise » est sabord. 4 lignes à haute tension seront coupées en Seine-et-Marne, 23 dans les Côtes-du-Nord (d’Armor)….

La mise en œuvre du « Plan Rouge » prévoyait le déclenchement de la guérilla à partir de six zones difficilement accessibles : Morvan, Massif Central, Pyrénées, Alpes, Jura, Vosges. Considérées comme des "réduits", ces zones devaient servir de refuge et de base pour les maquis dont la mission était de harceler les arrières allemands

 

Le rôle de la résistance.

Selon le 21ème groupe d’armées Britannique débarqués en Normandie, l’action de la résistance aurait retardé en moyenne de 48 heures l’arrivée des troupes allemandes envoyées pour rejoindre le front et être au contact des alliées.

Les historiens se sont attachés à essayer de déterminer quelle fut l’importance du rôle militaire de la résistance, en particulier lors de ces débarquements de Normandie (Overlord) puis de Provence (Anvil). Selon :

*                 Les auteurs,

*                 L’accès aux archives qui ne s’est libéré que progressivement,

*                 Le contexte politique qui a évolué en 80 ans depuis les affrontements de la guerre froide,

Il y a une volonté de minorer le rôle militaire et politique de la résistance, volonté qui n’a pas totalement disparu de nos jours !!

La mobilisation de la Résistance française s'effectua dans un contexte de tensions et d'incompréhension entre de Gaulle et les Alliés, entre les Alliés et la Résistance, entre les états-majors londoniens, qu'ils soient alliés ou français, et les formations agissant sur le terrain.

Quel bilan peut-on tirer de l'action de la Résistance à l'été 1944 puis pendant toute la campagne de France ? L'efficacité de la Résistance est difficilement quantifiable. Dans son ouvrage de mémoires intitulé Croisade en Europe, paru en 1949, le général Eisenhower dit des résistants français qu'ils ont "joué un rôle particulièrement important. Ils ont été extrêmement actifs en Bretagne, et, en tous points du front, ils nous ont aidés de mille façons. Sans eux, la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europe occidentale auraient été bien plus longues et nous aurait coûté davantage de pertes et que l’aide apportés par les FFI à la campagne représentait l’équivalent en hommes de quinze divisions et que grâce à leur assistance, la rapidité de notre avancé à travers fut grandement facilitée…". Sans nul doute, les sabotages ont ralenti les communications allemandes et ont produit des résultats que l’effort de guerre aérienne alliée n’avait pas pu obtenir. Sans nul doute, l'activité de harcèlement des maquis et des FFI a plongé la Wehrmacht dans un climat d'insécurité permanent qui a contribué à accélérer sa retraite. Sans nul doute, la Résistance a joué un rôle déterminent dans la libération du territoire national.