Reims
Dans les griffes de la gestapo
26 juin 1944
Il y a 80 ans jour pour jour, quatre courageux cheminots Ardenais étaient fusillés par les Allemands pour fait de résistance.
Ils s’appelaient : René Arnould, Georges Boillot, Robert Stadler et Lucien Maisonneuve.
Ces quatre camarades appartenaient au groupe libération Nord et travaillaient tous à la gare d’Amagne-Lucquy (08), centre nerveux de cette région et nœud ferroviaire sur un axe nord-est-ouest Gisors, sud Paris Luxembourg, Verdun Hirson. A la suite d’une dénonciation ils furent arrêtés par la feldgendarmerie de Rethel alors qu’ils nettoyaient des armes au domicile de l’un deux, puis transférés à la prison Carnot de Charleville- Mézières avant d’être exécutes au fort des Ayvelles près de la commune de la Francheville.
Malgré de cruels sévices, ils ne dévoilèrent pas l’organisation à laquelle ils appartenaient, après avoir répondu au message adressé grâce à la B.B.C, qui vise à détruire le matériel roulant.
C’est pourquoi, chaque 26 juin a lieu à l’initiative de la section Ancac de Reims, une cérémonie patriotique réunie sur le quai de la gare d’Amagne-Lucquy. Une importante délégation d’anciens combattants pour raviver le souvenir de ces valeureux cheminots massacrés. Un hommage particulier est célébré dans ce lieu de mémoire et indélébile de ces évènements.
Dans ce département des Ardennes, longtemps sous le joug de l’occupant, dès mai 1940, sous contrôle Allemand privant la population de sa liberté et de ces droits, les Ardennais poussés par leur patriotisme décidèrent de résister. Déjà en 1942, des réseaux clandestins furent démantelés par la gestapo, les cheminots sont mis à rude épreuve.
Après la convention d’armistice du 22 juin 1942, la SNCF passe sous le contrôle de l’autorité allemande. La Werkehrs Direction (W-V-D) dépendant à la fois du commandement militaire et du Reich Bahn. Le département est de plus zone interdite. Quant aux résistants politiques la répression et les convois de la mort par millier se multiplient, les plus actifs de la résistance, déportés dans le cadre de la solution finale.
Dans cette période noire de notre histoire nationale, la volonté était forte pour acquérir la liberté malgré la menace qui l’obsédait à chaque instant.
Nombreux ont laissé leur vie pendant cette période cruciale, René, Georges, robert et Lucien font partie de l’histoire de la deuxième guerre mondiale qui a coûté la vie de 8938 cheminots et 15977 blessés. D’ailleurs le gouvernement, au-delà de la victoire des armés, a décerné à la SNCF le 30 octobre 1949, la légion d’honneur et la croix de guerre avec palme pour ces mérites civique et militaires.
Lors de cette cérémonie après l’appel des morts et le dépôt de gerbes, le Président de l’ANCAC Felix Beaulieu, la trésorière Marie-France Demay retracèrent les évènements qui ont permis de démanteler l’organisation allemande.
La Marseillaise et le chant des Partisans retentirent face aux drapeaux.
Que soit remerciée la famille Maisonneuve, notamment René fils de Lucien pour les nombreux témoignages de son père, dont une lettre émouvante adressée le 25 juin 1944 à son épouse Juliette et ses enfants chéris avant de mourir à la prison Carnot de Charleville-Mézières.
Ces nombreux documents d’une grande rareté, m’ont permis de montrer leur courage et leur dignité devant le sacrifice suprême.
En cc jour anniversaire, nous avons eu l’honneur de recevoir, Patrick Maisonneuve, petit-fils de Lucien Maisonneuve fusillé par les Allemands, lors de l’hommage rendu à son grand-père et ses compagnons d’armes.
En présence des maires d’Amagne-Lucquy, des autorités civiles et militaires, des porte-drapeaux, de la population, la reconnaissance, le respect et le souvenir de ces quatre courageux cheminots n’ont pas été oubliés.
Ce moment de l’histoire ne doit pas être sans lendemain, afin de le transmettre aux jeunes générations et rappeler que des hommes et des femmes dont beaucoup avaient leur âge furent tués parce qu’ils avaient commis pour seul crime que celui d’aimer leur patrie et de se battre pour sa libération.
Jean Marchandeau
Officier de l’Ordre National du Mérite
Ancien combattant d’Afrique du Nord